I. Pastiche des lais de Marie de France
Le soleil se lève, rougeoyant,
Chassant tout le noir, effrayant,
Incendie la terre de chaleur,
Réchauffe la nature de plein cœur.
Puis l’astre persévère, dans sa course,
Suscite l’admiration de tous,
Lorsqu’il atteint son apogée,
Etirant ses rayons dorés.
Enfin dans les plus belles couleurs,
Il laisse sa place aux plus grandes peurs,
Car là l’obscurité revient,
Et arrive alors le Malin.
II. Pastiches des poèmes de Ponge
La guitare électrique
La guitare électrique est comme le symbole d’une puissance maléfique : on peut apercevoir les cornes du diable dans sa forme qui est d’une beauté comparable à celle d’une Vénus démoniaque.
Ainsi dès les premières notes, les souterrains diaboliques s’éveillent et animent un feu qui projette des ombres terrifiantes. Tout d’abord, chaque flamme se tortille de douleur et grandit, avant de se mêler à la suivante. Puis le rythme s’accélère et les flammes, qui ne se distinguent plus les unes des autres, détruisent tout aux alentours.
Mais bientôt le répertoire est épuisé et le feu s’éteint, nous laissant sur notre faim.
Le livre
D’apparence externe, un livre fait penser à un lieu clos à l’accès difficile.
Mais dès les premières pages, lorsqu’on l’ouvre, un lien se crée entre le lecteur et l’ouvrage, et une passion naît. En effet, c’est tout un monde où nous entrons et y vivons l’instant de quelques pages. Ainsi la passion grandit et dévore toutes les pages tel un feu vorace qui s’arrête seulement lorsque toute la matière est consumée. Alors notre esprit vagabonde encore un moment, toujours prisonnier du monde fictif.
Mais arrivé à ce stade, le livre ne recèle plus aucun secret et reprend donc sa place de simple objet.
III. Pastiche de Delerm
Le bain
On n’en prend pas souvent car c’est une perte de temps. Mais un jour, on en a assez des douches.
Alors on fait couler de l’eau chaude qui remplit la baignoire, avec un bruit fort et continu qui nous rend nostalgique. A ce moment, des souvenirs affluent ; ceux de l’enfance, de la découverte de l’eau. Et puis on fixe du regard cette eau aux mille reflets, recouverte d’une légère mousse blanche, épaisse couche de crème chantilly. Avec un immense plaisir, on se glisse dedans, comme si on entrait dans un autre monde, intime et rassurant à la fois. Dans toute cette quantité d’eau, on a alors du mal à avoir une pensée pour les personnes sur Terre qui en manquent terriblement.
Mais les séductions de la vapeur sont trop fortes et on s’oublie à nouveau dans le liquide opaque.
Néanmoins, on se lasse vite, et on abandonne, la peau plissée, cet univers privé qu’est le bain.
IV. Pastiche de Michaux
Véritable colère
Parfois, on a envie d’écraser la tête de quelqu’un et de voir sa cervelle réduite en bouillie s’étaler dans une marre rouge. Alors piétiner son corps et écraser tous ses membres peut aussi nous soulager de cette colère malsaine enfuie en nous.
Mais ces gestes valent tout juste la peine d’être exécutés, tant ils sont infimes.
Au contraire, oser combattre l’océan est tout autre chose. Pour cela, il faut une vraie colère, que l’on ne cherche pas à refouler. Alors face aux rouleaux immenses écumants de rage qui s’écrasent avec fracas, cherchant à vous tuer violemment, la colère, atteignant sont point le plus haut, peut être dépensée largement.
V. Pastiche de M. Zermatten
Le visage d’une sœur
Le visage d’une sœur avance, la tête haute, fier du rôle si important qu’il occupe. On peut voir toute sorte de paroles réconfortantes sur sa bouche. Ses pommettes rouges et son front lisse sont ceux d’une innocence fragile attendrissante.
Ce visage est celui de la confiance et de la pureté. Ainsi, dans ses yeux brillants d’honnêteté, il n’y a pas la moindre trace de cette lueur malsaine de trahison retrouvée dans ceux de l’ami, à qui on ne saurait se confier.
C’est donc le visage le plus rassurant que l’on puisse voir et envers lequel beaucoup de notre amour est consacré.
VI. Poème personnel
Une note…rien de plus. Et puis soudain une autre, claire, pure, telle une goutte d’eau surgissant des profondeurs de la terre. Nos émotions sont à leur comble tandis que la musique commence à peine. Alors comme un ruisseau qui devient rivière, la musique s’accélère. De ces eaux cristallines, chaque goutte compte et mérite une attention particulière.
Mais la rivière ne cesse de grandir et bientôt, en tendant l’oreille, nous pouvons entendre le murmure du tonnerre qui se prépare, car les notes se font de plus en plus fortes. L’eau jaillit de tout part, le rythme est à son maximum. Alors c’est le sommet, l’apogée : la cascade d’eau qui tombe en masse. Et pourtant, chaque note a sa place dans cette magnifique mélodie.
Puis vient le retour au calme et, doucement, les dernières notes se font finalement entendre.
Sujet: Morgane poèmes - groupe 1 
Mer 14 Mar - 14:35
